
Sherbrooke 4 avril 2025 - Le nouveau cadre normatif du ministère de la famille, déposé à toute vitesse et comportant d'importantes modifications, est une claque au visage pour de nombreux organismes communautaires famille de l’Estrie.
Ce cadre contrevient au principe fondamental du respect de l’autonomie des organismes pour la mise en œuvre de leur mission, déjà reconnu par le gouvernement du Québec dans sa politique gouvernementale de reconnaissance de l’action communautaire, et entrave leur capacité d’agir.
Finie la possibilité de rénover nos bâtiments avec les sommes reçues pour financer la mission. Si un organisme doit refaire la toiture, il faudra qu’il trouve ailleurs comment financer cette dépense, il en serait de même pour changer les fenêtres, pour refaire le solage, etc. Aucune modalité pour la création d’un fonds de prévoyance n’est prévue non plus. « Le gouvernement nous parle de saine gestion, on se demande ce qui est sain dans ce genre de proposition » souligne Claudelle Cyr, directrice de la maison de la famille Famille Plus. « Allons-nous devoir vendre notre maison ou bâtiment simplement parce que la toiture coule et que le ministère de la famille nous interdit de prendre notre financement attribué pour le fonctionnement de l’organisme pour la réparer? Et qu’on ne nous réponde pas que la solution passe par une levée de fond » s’indigne-t-elle.
Finie aussi la possibilité de se créer un fonds pour devenir propriétaire de leurs locaux. « Doit-on rappeler au ministère de la famille qu’il reconnait lui-même que nous sommes des maisons de la famille qui offrent un milieu de vie et que la logique voudrait qu’avoir un lieu pour les accueillir soit une condition préalable? », questionne Sabrina Denault Lapointe, directrice de la maison de la famille La Relève du Haut-St-François.
Les organismes sont aussi offusqués de constater que ce cadre leur imposera désormais des données qualitatives encore plus lourdes dans leurs rapports d’activités pour répondre aux exigences de la reddition de compte. « En quoi expliquer les retombées d’une table de concertation à laquelle nous participons regarde le ministère de la famille? », se demandent-ils. Si tous s’entendent sur l’importance de rendre des comptes sur comment sont dépensés les fonds publics qu’on leurs octroie, ils se demandent en quoi cette ingérence vient ajouter de la valeur à l’analyse de leur dossier au sein du ministère. Ils soulignent du même coup que tout ce processus viendra retarder le premier versement et qu’on leur a suggéré de contacter leur institution financière pour l’octroi d’une marge de crédit…
Déçue et en colère aussi, car leur regroupement national n’a pas été consulté dans ce processus. « À quoi sert de reconnaitre un interlocuteur si ce n’est pas pour le consulter dans des moments aussi importants au sein de notre programme de financement? » mentionne Madame Cyr
Fragilisés, les organismes communautaires familles qui bénéficient d’un financement à la mission n’atteignant même pas les 180 000$, se demandent comment ils pourront continuer à soutenir les familles dans une ère de crise sociale et économique. « Les problèmes n’iront pas en diminuant et les parents et enfants n’iront pas mieux et pendant ce temps, nos maisons vont s’écrouler. » conclut Madame Denault Lapointe.
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Organismes signataires
Caroline Payer, Maison des Familles FamillAction (Val des Sources)
Claudelle Cyr – directrice de la Maison de la famille Famille Plus (Sherbrooke)
Corinne Hamelin – directrice de la Maison de la famille MRC de Coaticook
Guy Boucher- directeur de la Maison de la famille Famille Espoir (Sherbrooke)
Karine Hamel- directrice du Réseau d’appui aux familles monoparentales et recomposées de l’Estrie (RAME) (Sherbrooke)
Marie-Claude Tardif – directrice de la Maison de la famille Les Arbrisseaux (Val St-François)
Nathalie Bélanger, directrice Maison de la Famille Memphrémagog
Sabrina Denault Lapointe- directrice de la Maison de la famille La Relève du Haut-St-François.